Si, comme moi, vous appréciez le système d’exploitation des ordinateurs d’Apple mais que vous ne trouvez pas d’intérêt à leur matériel, nous allons évoquer dans cet article la solution que certains ont choisie : le hackintosh.

Le hackintosh, c’est quoi ?

Commençons par une brève histoire des Macintosh :

Lancés le 24 janvier 1984, le macintosh signe le premier succès commercial d’un ordinateur équipé d’une interface graphique et d’une souris (concepts inventés, non par Apple, contrairement à la croyance très répandue, mais par le Palo Alto Research Center de Xerox à la fin des années 70 pour remplacer les interfaces en ligne de commande).

De leur sortie à 1994, les macintosh utiliseront des processeurs (puce centrale de traitement, LA pièce maitresse de tout ordinateur) de la famille 68000 fabriqués par Motorola, les PC de cette époque utilisaient des processeurs très différents, la famille des processeurs x86 (8086, 80286, 80386).

A partir de 1994 et jusqu’en 2006, les macintosh vont utiliser des processeurs PowerPC del’alliance AIM (Apple, IBM, Motorola), les PC eux continuant sur la même famille : 486, Pentium, Pentium 2 etc…

Ces familles de processeurs étant radicalement différentes (architecture RISC d’un côté, CISC de l’autre, adressage différent etc…), il était impossible ou tout du moins extrêmement compliqué d’installer et donc d’utiliser le système d’exploitation des macintosh sur des PC

En 2006, Apple a abandonné la famille de processeur PowerPC, jugée trop peu performante par rapport à la concurrence, pour se fournir chez Intel et sa gamme de processeur X86. Dès lors, les macintosh se sont considérablement rapproché des PC standard : même processeur, mêmes interfaces de connexion, même famille de chipset, même module mémoire. Des développeurs indépendants se sont alors attachés à installer OSX sur des machines non signées Apple.

Ainsi est né le projet OSX86.

S’agissant d’une « bidouille » ou « hack » en anglais, le nom de hackintosh s’est imposé naturellement pour désigner ces machines tournant grâce à OSX et pourtant non fabriquées par Apple.
Le hackintosh est donc un PC on-ne-peut-plus standard sur lequel est installé le système d’exploitation d’Apple : OSX.

Est-ce légal ?

Epineuse question que celle-ci.

En effet, la licence d’utilisation d’OSX stipule que le logiciel ne peut être utilisé que sur des machines fabriquées par Apple. Installer OSX sur un PC viole donc le contrat de licence utilisateur dudit logiciel.

Mais, en Europe, la loi (prévalant sur les contrats de droit privé, comme les contrat de licences utilisateurs) stipule également que si le logiciel a été acquis légalement, l’utilisateur peut en faire ce qu’il veut, et notamment l’utiliser sur du matériel non prévu pour, le décompiler, le modifier, etc., à la condition expresse que la bidouille (ou le hack) ne soit réalisé que pour un usage personnel (la question de la diffusion des méthodes utilisées est floue également).

La réponse à la question de la légalité est donc la suivante :
Oui c’est légal aux conditions suivantes :

  • Il faut avoir acquis légalement OSX, les dernières versions étant exclusivement vendues sur l’appstore d’Apple, ça implique l’accès à un Mac pour lier OSX à son compte iTunes.
  • Il ne faut pas vendre ses réalisations (donc pas de commerce de hackintosh tout fait)

Tout PC est-il compatible ?

Dans l’absolu, oui, tout pc actuel est un candidat au hackintosh.

Dans la pratique, Apple ayant des gammes de machines très restreintes, il vaut mieux choisir avec soin les composants de son ordinateur si l’on veut en faire un hackintosh, ça permettra d’éviter les incompatibilité (port USB non reconnu, carte graphique non pleinement fonctionnelle etc.).

Voici les principes de base à retenir si l’on souhaite se lancer dans l’expérience :

  • Processeurs : Intel core obligatoirement, Apple n’a jamais utilisé autre chose que des processeurs intel depuis son passage à l’architecture X86. Il existe des bidouilles pour faire tourner OSX sur des processeurs AMD, mais elles rendent le système en général moins stable.
  • Carte mère : n’importe quelle carte mère fonctionne, mais si l’on veut une compatibilité vraiment excellente (notamment au niveau de la gestion de l’énergie, mise en veille etc.), on préférera les CM fabriquées par Gigabyte
  • RAM : du moment que la CM accepte le type de RAM voulue, ça fonctionnera, OSX n’entre pas en jeu pour la compatibilité de ce composant
  • Disque Dur : même chose que la RAM, attention tout de même au disque ayant des secteur de taille non standard (disque 4K), ils nécessitent une bidouille supplémentaire. Je ne vous conseillerai que trop d’envisager un SSD, tant le confort apporté est grand.
  • Carte Graphique : Apple n’a utilisé pratiquement que des carte Nvidia (sauf sur les imac vendu entre mi-2011 et mi 2012 où les carte graphique étaient des AMD), préférez donc cette gamme de carte graphique (série 6xx et 7xx notamment), la marque de la carte elle-même importe peu.
  • Tout périphérique fonctionnant en USB ne posera, à priori, aucun problème majeur.

Bon OK, ma machine est au top de la compatibilité mais je fais quoi concrètement ?

L’installation va se dérouler en plusieurs étapes :

  • Préparation de la clé USB nécessaire pour l’installation
  • Formatage du disque dédié au format HFS+ (format Apple)
  • Installation
  • Post-installation avec l’ajout de « Driver » nécessaires, les fameux fichiers KEXT
Préparation de la clé d’installation

Il faut, pour cette étape, posséder une version App Store téléchargée d’OSX sur un mac (donc nécessité de posséder un mac original ou, à défaut, d’un hackintosh ou d’une machine virtuelle exécutant OSX) et d’une clé USB d’au moins 8Go.

Ensuite, rien de plus simple, il suffit de récupérer sur le site www.tonymacx86.com l’utilitaire nommé Unibeast (inscription sur le site gratuite mais obligatoire pour l’accès aux téléchargements) et de se laisser guider par lui pour la création de la clé USB.

Formatage en HFS+

Cette étape est en fait réaliser via l’utilitaire de disque lors de l’installation d’OSX.

Le démarrage de l’installation se fait simplement en sélectionnant la clé USB préalablement créée lors de la phase de boot de la machine (généralement un appuie sur la touche F12 ou F8 du clavier au démarrage de la machine fait apparaitre un menu permettant de choisir quel périphérique de démarrage utiliser).

Il peut être nécessaire d’utiliser ce que l’on appelle des boot flag selon la configuration utilisée, en voici quelques uns :

-x : démarre en mode restreint, équivalent au mode sans échec de windows, ne charge que les pilotes strictement nécessaires
-v : mode verbose : permet d'afficher les messages de boot du système afin d'identifier la source d'un problème
GraphicsEnabler=No/Yes : active ou désactive l'accélération vidéo matérielle, utile selon la carte graphique utilisée

Il en existe pléthore d’autres, à chercher sur tonymacx86.com en cas de besoin.

Installation

Rien de compliqué ici, il suffit de choisir le disque d’installation et de suivre l’assistant d’Apple, exactement comme une installation de Windows.

Au premier démarrage suivant, comme sous Windows, il faudra renseigner les informations concernant l’utilisateur (nom, mot de passe etc.).

Post-Installation

Une fois le système configuré, il reste à installer les drivers manquants (généralement le chip audio, l’USB3 et l’ethernet).

Ces drivers se présentent sous la forme de fichier KEXT (pour Kernel EXTensions, extensions du noyau) à installer sur le système. Pour les utilisateurs confirmés, il est intéressant de les installer manuellement via le terminal, ainsi un plus grand contrôle de ce qui est réalisé comme modification sur le système est possible. Mais il existe un outil pour les débutants, extrêmement bien fait et très complet qui réalise l’opération pour vous : Multibeast.

Hackintosh : L'utilitaire Multibeast

Il vous faut donc vous rendre à nouveau sur le site de tonymac, télécharger l’app Multibeast et la lancer.

Vous obtiendrez un écran ressemblant à celui ci-contre

Il ne reste qu’à identifier chaque composant de la carte mère (opération très simple, il suffit d’ouvrir la fiche du modèle sur le site du fabricant, et généralement, on obtient toutes les informations utiles) et installer les drivers correspondants en cochant les bonnes cases.

 

En cas de doute, le forum de tonymac est une véritable mine d’informations en tout genre, malheureusement en anglais uniquement.

 

OK, c’est bien beau mais pourquoi ne pas acheter directement un mac ?

Très bonne question, effectivement un des avantages certains des machines Apple, c’est leur côté « on ouvre, on branche, ça marche », aucune prise de tête avec les drivers, les anti-virus, les mises à jour etc.

Mais elles ont certains défaut, et notamment, en ce qui me concerne, le fait qu’aucune des machines au catalogue ne réponds à mon besoin : le Mac mini est petit, silencieux, relativement puissant mais aucune possibilité d’évolution et la carte graphique ne me permet pas de jouer correctement (et oui je suis un gamer sur les bords), les imacs sont de très beau objet mais leur côté tout intégré me rebute (si mon disque dur tombe en panne, ou l’écran, je me retrouve sans rien le temps de la réparation), les mac pro sont des monstres de puissances, mais n’étant pas graphiste, je n’ai pas besoin de toute cette puissance … d’autant que leur prix, est, disons, stratosphérique.

Pour résumer, aucune machine chez Apple ne me corresponds, une simple tour, évolutive comme je l’entends et surtout avec des composants séparés pour ne pas se retrouver coincé en cas de panne.

Pour autant, je trouve qu’OSX est vraiment un bon système et j’aime travailler avec, donc la seule solution pour moi est un hackintosh.

C’est quoi l’arnaque ? il y a forcément des choses qui fonctionnent mal ou pas ? non ?

Il n’y en a pas à proprement parler.

Il faut juste faire attention au matériel choisi et au mise à jour proposé par Apple, qui peuvent « casser » le système. Généralement je me contente, lors des mises à jour, d’attendre le retour des geeks de tonymac et après je me lance. Autre chose, c’est et ça restera une bidouille, donc susceptible de ne plus fonctionner un jour. Je déconseille donc fortement au professionnel ayant un besoin impératif de sa machine.

En savoir plus

http://www.tonymacx86.com/ : la mine d’or, un forum très actif, le seul site où trouver unibeast et multibeast (les 2 utilitaires évoqués dans ce billet) et en bonus, propose chaque mois un guide d’achat de composant certifié compatible, parfait pour les débutants, mais en anglais seulement.
http://www.insanelymac.com : le site du projet OSX86 original, pas vraiment copain avec le premier (je vous laisse trouver tout seul le pourquoi), plutôt destiné aux utilisateurs confirmés. Plutôt adepte du Do-it-yourself que des outils intégré à la tonymac. Mais une (autre) vrai mine d’informations en tout genre (Kext particulier notamment), un forum très actifs également. En anglais seulement.
http://itotoscreencast.com : Un site francophone, avec un forum assez réactif et un modérateur à l’écoute, j’y traine parfois et réponds volontiers si je peux apporter ma pierre.

Un article rédigé pour vous par Vincent